En ce moment, Palmesh Cuttaree s’attelle à la production d’une nouvelle série de masques. Elle viendra compléter la collection initiale, qui est conservée au Centre Nelson Mandela. Les oeuvres déposées à La-Tour-Koenig sont nombreuses. Au moins 200 pièces, en bois ou en papier. Certaines ont été confectionnées par notre interlocuteur, d’autres ont été obtenues en don. Les donateurs sont d’origines diverses : de l’Inde, de la Chine, des pays d’Europe et d’Afrique.

Le masque fait partie de la culture de tous ces pays qui sont à l’origine du peuplement de Maurice. Toutefois, il n’est pas dans la tradition culturelle locale d’en produire. Palmesh Cuttaree dit ne pas avoir d’explication à ce phénomène. Il espère que des chercheurs en anthropologie apportent des réponses aux interrogations à ce sujet. Lui, qui est un créateur, va donc laisser le champ libre à son élan artistique. «L’art est une sensibilité à l’intérieur de l’homme. Il faut qu’il parvienne à l’exprimer d’une manière ou d’une autre.»

Palmesh s’est intéressé aux masques depuis le début des années 70. Le jeune Mauricien, boursier du gouvernement français, était alors étudiant à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’arts, à Paris. «J’étais fasciné par l’esthétique des masques et je visitais régulièrement les musées des arts africains», se souvient le Vacoassien.

Depuis, notre compatriote se met à collectionner des masques qu’il va chercher dans différents pays. Et en 2011, il a le privilège d’exposer sa collection au siège de l’Unesco, à Paris. Après une formation en ingénierie culturelle à Bordeaux, Palmesh Cuttaree rentre au pays en 1977. Il mène une vie artistique intense mais dans la discrétion.

Notre homme s’engage également dans le social. Il est porté à la présidence du Lions Club de Port-Louis. Pendant son mandat, le club service contribue à des projets artistiques et d’embellissement dans la capitale. Il a aussi été le président de Save the Children Mauritius et a dessiné bénévolement des jouets et des cartes postales pour l’ONG.

Au Collège des Ondes, où il est employé, Palmesh Cuttaree produit des programmes d’éducation artistique. «L’art doit être enseigné depuis la petite enfance», estime-t-il. «Les parents doivent encourager la créativité chez leurs enfants.» Il regrette que «l’école et les collectivités locales n’assument pas pleinement leur rôle à ce chapitre.» L’artiste a plusieurs cordes à son arc. Outre le fait d’exercer son métier de graphiste, il confectionne des masques, fait du théâtre, joue dans des films et parvient à trouver du temps pour peindre. Le comédien a aussi tenu des rôles de premier plan dans plusieurs pièces produites, dans le temps, par le 2nd Tamil Scouts et la Mauritius Drama League dont il est un des fondateurs.

Au cinéma, Palmesh Cuttaree a plusieurs longs métrages à son actif : Les enfants de Trou marron, une oeuvre d’Ananda Devi, mise en scène par Sharvan Anenden, et The Comeback, du même réalisateur. Il apparaît également dans quelques autres films. Palmesh Cuttaree a été président du comité de censure. Il n’est pas peu fier de ce qu’il a pu accomplir durant son mandat. «Nous avons aboli la censure et avons changé les attributions du comité. Aujourd’hui, on ne censure plus, on classifie les films», dit-il.

Le sexagénaire est insatiable en ce qui concerne l’art. En ce moment, outre la gestion de sa galerie en ligne, il travaille sur la production de nouveaux masques, peint des tableaux, joue dans des courtsmétrages, tout en se préparant à remonter sur les planches l’année prochaine. Un infatigable artiste.